Elle nous chantait Je veux te voir, on a dit d’accord. En février 2008, j’étais à la Coopérative de Mai, à Clermont-Ferrand, pour voir (vous l’avez) celle qui se moquait de l’egotrip de TTC et consorts. Quelques mois plus tôt, Yelle avait sorti son premier album Pop Up, surfant sur le succès du morceau sus-cité, bientôt bousculé par le remix dingo d’À cause des garçons. De son vrai nom Julie Budet, la native des Côtes-d’Armor n’avait alors droit qu’à la « petite » salle du fameux établissement clermontois. J’avais même pu prendre une photo avec elle, c’est dire. Depuis, le temps a passé, la Tecktonik est morte, mais Yelle et son compagnon GrandMarnier n’ont pas lâché l’affaire, continuant d’offrir une électro-pop fine et fun, parfois plus personnelle, à un public fidèle car insensible à un certain mépris français. Mardi, ces Top Fan ont blindé l’Olympia pour fêter les 20 ans de carrière du duo, à la suite de Lille, Londres ou encore Bruxelles, étapes de la tournée anniversaire. Une party géante qui a tenu toutes ses promesses.

Si elle ne sort jamais plus sans son body-costume, en concert comme à la télé, Yelle a d’abord joué la mystérieuse, apparaissant de profil sur Le Grand Saut, dans une mise en scène étonnamment sombre mais parfaite pour faire monter la sauce. Accompagnée par GrandMarnier, et le plus souvent juchée sur une plateforme, elle a vite clarifié, à ceux entrés là par hasard, le programme de la soirée : faire la fête et danser. Tout le monde a compris, et j’ai découvert à quel point le sol de l’Olympia se mettait à rebondir dans de telles conditions. Je dois vraiment chercher loin pour trouver un défaut à la setlist (c’est un de mes morceaux favoris, il faut dire), laquelle faisait la part belle à L’Ère du verseau, sans négliger ses moments plus calmes (Vu d’en face, Un million). Quand a démarré Noir, Yelle, membre du jury de Drag Race France All Stars, a été rejointe par deux drag queens, qui ont tenu les rênes lors de la séquence karaoké qui a suivi. Une spectatrice très à l’aise a chanté Nuit de baise avec délectation, puis on a tous repris Florence en Italie, c’était super. Avec les paroles d’autres morceaux fréquemment projetées sur l’écran, le karaoké était de toute manière quasi-permanent.

Fête, amour, sexe, angoisses existentielles, c’est un peu la vie elle-même qu’on est venus célébrer. Avec en prime un gentil coup de griffe aux réacs (On s’envoie en l’air). En big 2025, pas de doute, on l’aime encore, Yelle, la jeune chanteuse branchée aux tenues colorées, qui a un peu grandi mais nous fait toujours danser. Et elle nous le rend bien. Quand elle chante Je t’aime encore, je me demande si son accueil en France la plonge encore dans la mélancolie. Entre cette tournée, Drag Race France et les JO de Paris, elle est un peu partout, et à en croire une phrase glissée à Télérama, l’aventure n’est pas finie. Tant mieux, car après cette soirée, on veut toujours la voir.



