Étiquette : Barbara Steele

  • La danse des trépassés

    La Cinémathèque française consacrait dernièrement une rétrospective au réalisateur italien Antonio Margheriti. Un inconnu pour ma part, mais la présence de films de genre m’a poussé à m’y intéresser. Horreur gothique, science-fiction, polar… Si j’ai aussi exploré la deuxième, c’est de la première catégorie dont nous allons parler ici, avec Danse macabre, sorti en 1964 et récemment remasterisé en 4K. Tout commence par une interview, qu’un journaliste du Times espère décrocher auprès d’Edgar Allan Poe. Quand il trouve enfin l’écrivain, ce dernier conte une histoire d’épouvante à un ami dans une taverne londonienne. La discussion s’engage, et le journaliste, campé par le Français Georges Rivière (La Vierge de Nuremberg du même réalisateur), confie ne pas croire à l’existence du surnaturel. L’occasion pour Lord Blackwood, attablé avec eux, de lui proposer un défi : survivre dans son vieux château à la nuit des trépassés, qui voit les défunts reprendre forme humaine pour mourir à nouveau…

    En 1959, dans La Nuit de tous les mystères de l’américain William Castle, Vincent Price promettait 10 000 dollars à cinq personnes pourvu qu’elles passent la nuit dans une maison hantée. Ici, le pari entre Lord Blackwood et le journaliste, Alan Foster, s’élève d’abord à 100 livres avant d’être réduit à 10 eu égard à la précarité de sa profession. Laissé seul au château pour relever le challenge, notre envoyé spécial aux frontières de la vie et de la mort est témoin d’étranges occurrences qu’il tente de rationaliser. C’est alors qu’il rencontre Elisabeth Blackwood, soeur de, interprétée par la Britannique Barbara Steele (La Sorcière sanglante, idem), avant que d’autres occupants ne se manifestent à leur tour. Le jeu peut alors commencer.

    Comme dans la maison du 7bis rue du Nadir-aux-pommes de Céline et Julie vont en bateau, de Jacques Rivette, où les mêmes scènes sont rejouées sans cesse par des acteurs fantômes, les morts reviennent chaque année à la même date reproduire les circonstances de leur trépas. Deux mouvements se succèdent : d’abord introduit aux événements par les revenants, Alan Foster les voit ensuite se dérouler sous ses yeux. Dans le même temps, il s’éprend de la troublante Elisabeth, dont le corps chaud semble traduire la vie, et voit sa raison le quitter. Portes qui claquent, cadavres qui respirent, tableau ondoyant, fumées inquiétantes, Antonio Margheriti use de tous les subterfuges pour susciter l’angoisse. Des effets assez réussis qui profitent du noir et blanc, qui fait des merveilles lors de l’arrivée au château. Si l’on peut rouler des yeux face au personnage du journaliste, pas avare de niaiseries pour séduire sa belle, celle-ci fait office de figure tragique, désespérée de revenir à la vie par l’amour. Un sujet plus intéressant, à mon goût, que ne le sont les raisons de sa mort et de celle des autres. Dommage aussi que Lord Blackwood, initiateur de ce jeu pervers, reste condamné au rôle d’élément déclencheur. Pourquoi envoyer ainsi des gens à leur fin ? Par simple plaisir de gagner 100 livres ? Si Danse macabre n’est pas La Maison du diable ou La Chute de la maison Usher, la présence de Barbara Steele, des effets efficaces et un climax réussi, en font un bon visionnage. Sans oublier la restauration, dans la version 4K, de scènes sulfureuses autrefois censurées.

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