Étiquette : Mylène Farmer

  • C’est l’Alizée

    Loin de moi l’idée de vous infliger un coup de vieux, mais vous devez prendre conscience d’une chose : Moi… Lolita a 25 ans. Voilà déjà un quart de siècle qu’une jeune chanteuse de 16 ans chantait ses amours diluviennes et ses bas bleus de méthylène. C’était osé, mais comme elle le répétait assez, c’était pas sa faute ; plutôt celle du duo Farmer-Boutonnat, désireux de donner à cette graine de star une aura sulfureuse d’adolescente aux dents taillées pour le fruit défendu. Quoi qu’on en pense, le morceau est indéniablement un classique de la chanson française, en ce qu’il parle à chacun d’entre nous, tout en se payant le luxe, du fait de ses auteurs, de nager au-dessus de la mêlée. Mais quand même, 25 ans… Ceux qui sont un peu tombés amoureux d’elle ont grandi depuis, tout comme l’intéressée elle-même, aujourd’hui mariée et mère de deux enfants. Se souviennent-ils de leur crush de jeunesse ? La réponse s’étalait dimanche boulevard des Capucines, sur la façade de l’Olympia : Alizée, 25 ans déjà, complet. Et rebelote le lendemain. Deux concerts exceptionnels pour célébrer la carrière d’Alizée Jacotey, pour les nostalgiques d’un soir comme pour les fans invétérés.

    Le dernier album d’Alizée, Blonde, datant d’il y a un peu plus de 10 ans, la soirée s’annonçait comme un Eras Tour pour trentenaires, l’occasion de donner à chaque époque sa place dans la setlist. Mais ce sont bien les deux premiers albums qui ont dominé les festivités. Il ne pouvait guère en être autrement à l’Olympia, salle mythique qui avait accueilli l’éternelle Lolita il y a 22 ans, en 2003. Pour l’occasion, les musiciens présents à l’époque étaient de retour à la guitare, la batterie et la basse. Après une intro mettant en avant les costumes portés au cours de sa carrière par Alizée, c’est un vent de nostalgie (et d’amour) qui nous a emportés quand a résonné L’Alizé, titre parfait pour enclencher le retour vers les années 2000. Ont suivi beaucoup de Gourmandises et quelques Courants électriques, avec ici et là un ou deux morceaux des albums suivants, histoire de rappeler qu’ils existent, mais pas plus. Ce n’était pas dimanche soir que les fans d’Une Enfant du siècle, l’OVNI de la discographie d’Alizée, allaient être satisfaits.

    Alizée entourée de danseurs portant des masques de loup à l'Olympia

    En plus de ses musiciens, Alizée était accompagnée de deux choristes et de danseurs et danseuses, ainsi que de son mari, Grégoire Lyonnet. Sa carrière musicale en suspens, la chanteuse a ouvert avec lui un studio de danse dans sa ville natale d’Ajaccio. Les anciens partenaires de Danse avec les stars n’ont pas manqué d’offrir quelques pas de danse à un public ravi de les voir si complices et heureux. En fond de scène trônaient un énorme A et quelques marches, mais rien de tapageur. Les danseurs aux masques de loup pendant Gourmandises (« Loup y es-tu ? ») étaient bien vus, et le porté au sommet de l’escalier a soulevé le public, mais si Alizée a changé plusieurs fois de tenue, on n’était pas là pour en prendre plein les yeux. Plutôt pour apprécier la voix espiègle et un peu nasillarde de l’interprète, qui retrouvait là un répertoire que personne dans la salle ne semblait avoir oublié. Si J’en ai marre apparaît déplacée en 2025 (« Je bulle à l’ombre des bombes »), l’imaginaire romantico-mélancolique des autres classiques était intact. Quelle autre chanteuse pop parle de baisers volés dans les trains de tsarines ? Toutes n’ont pas eu la chance de travailler avec Mylène… À 41 ans, Alizée se dit chanceuse d’avoir fait cette rencontre et de compter sur un public fidèle. En la voyant conclure sur J’ai pas vingt ans, on se dit aussi qu’elle a toujours son talent de fille.

    Alizée entourée de ses danseuses à l'Olympia

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